Adieu cartes CFF – Bonjour bornes électriques
C’est unanimement que les membres d’Echallens Autrement, suivis par quelques autres membres du Conseil communal, se sont opposés au préavis concernant la mise en place de « 20 bornes de recharge »; un préavis finalement accepté par la majorité du Conseil. Voilà le rapport de minorité présenté par Corinne Farquharson et Patrick Miéville, tous deux membres de la commission chargée d’examiner le préavis municipal No. 2024-01 concernant « Demande d’un crédit d’investissement de CHF 390’000.00 destiné à l’aménagement de bornes de recharges publiques sur les sites de Court Champ, des Trois Sapins et de la Place Rochat ».
[…] Contexte général et objectifs :
La pose de bornes électriques sur trois des parkings publics de notre commune constitue un effort visant les objectifs suivants :
- Inciter les personnes travaillant sur les sites concernés mais ne disposant pas de borne à domicile à l’achat d’un véhicule électrique.
- Favoriser une solution de recharge de substitution pour les professionnels et riverains des sites retenus.
- Participer à la transition entre les véhicules thermiques et électriques.
Ce projet ne poursuit pas nécessairement la génération de nouvelles ressources financières pour la commune mais vise plutôt l’équilibre. Il s’agit clairement d’un soutien au développement de l’électromobilité.
Un bref sondage orienté a été réalisé auprès des professionnels présents sur les sites de Court Champ et des Trois Sapins afin de confirmer ou d’infirmer les hypothèses de travail concernant notamment le choix lié au dimensionnement des infrastructures, des intentions d’achat d’un véhicule électrique au cours des trois prochaines années ainsi qu’une première approche concernant la disposition des futurs utilisateurs à payer un certain tarif au kW pour la mise à disposition de ces bornes de recharge publiques.
Environ 280 personnes ont été sondées, 125 réponses ont été obtenues.
Nature de nos interrogations :
Garder sa « vieille » voiture est plus écologique qu’en changer pour une neuve, même électrique, rappelle le conférencier Lucien Willemin. Jeter du vieux en état de marche pour du neuf ne fait qu’ajouter au gaspillage.
Nos gouvernements se concentrent exclusivement sur le changement climatique, nous sommes incités à renouveler fréquemment nos véhicules et appareils, dans le but d’économiser de l’énergie et ainsi réduire les émissions de CO3. Cependant, cette approche s’avère simpliste et présente des risques pour notre bien-être. Elle omet délibérément le fait que la fabrication d’une voiture engendre une pollution chimique qui, contrairement au CO2, ne peut pas être compensées durant son utilisation.
Indépendamment des opinions divergentes, la transition vers le tout électrique est en marche, et il est très probable que nous ne puissions échapper à cette évolution. Dans ce contexte, l’installation de bornes électriques apparaît inévitable, rendant ainsi le préavis actuel particulièrement pertinent.
Nous tenons d’ailleurs à remercier notre Syndic, Serge Bornick, pour ce préavis et les réponses qu’il a apportées à nos questions.
- Appartient-il aux collectivités publiques de mettre à disposition de telles infrastructures en nombre ?
Il est utile de se poser la question car mettre à disposition des bornes électriques équivaut à subventionner des propriétaires ou futurs propriétaires de voitures électriques qui ont déjà un pouvoir d’achat important.
- Sommes-nous en train d’encourager une mobilité individuelle au détriment de solutions holistiques ?
La mise à disposition de bornes de recharge à des tarifs compétitifs pourrait certes rendre la commune plus attrayante, mais cela pourrait également encourager le maintien d’une mobilité individuelle au détriment d’une mobilité douce ou l’usage des transports publics.
- Est-ce que le projet s’adresse aux Challensois ?
Ce projet s’adresse en premier lieu aux professionnels qui habitent en dehors de notre commune. Aucune recherche n’a été menée auprès des habitants locataires de notre commune.
- Entrepreneur ou facilitateur ?
Là encore, il est légitime de s’interroger. Une commune bénéficie de revenus réguliers et peut emprunter à des taux extrêmement attractifs contrairement aux entreprises privées. La pose de bornes électriques par la commune est une forme d’entreprenariat qui nécessitera des ressources en temps et personnel. En achetant puis revendant l’électricité, elle peut subventionner comme elle peut s’assurer de futurs revenus au gré des aspirations politiques du moment.
Réflexions :
L’implantation de quelques bornes publiques pour le transit nous paraît justifiable. Cependant, le chiffre de vingt bornes de recharge semble excessif pour du transit tout en étant insuffisant si la transition à l’électrique se généralise et les exigences qui découlent de la nouvelle loi sur l’énergie, actuellement en consultation, se concrétisent.
En tant que collectivité, nous sommes favorables à l’encouragement à la mobilité douce et aux transports publics plutôt qu’à une mobilité individuelle. Ce projet est avant tout pensé pour les professionnels qui viennent travailler à Echallens et on ne peut que regretter l’absence de consultation des locataires challensois.
Nous sommes d’avis que l’autorité communale a pour mission de faciliter plutôt que de se substituer aux entrepreneurs. Il est fort probable que le secteur des bornes de recharge connaisse une expansion. Dans ces conditions, la commune peut soutenir le développement des entreprises de ce domaine en offrant un nombre de places de parking public, mais elle ne devrait pas remplacer les initiatives des entreprises privées et ainsi s’immiscer dans un marché qui sera automatiquement biaisé.
Par ailleurs, étant donné que notre commune vient de renoncer à la vente de cartes journalières CFF en raison d’une charge de travail supplémentaire, on peut, à juste titre, s’interroger sur la pertinence du présent préavis.
Pour toutes ces raisons évoquées ci-dessus, nous ne sommes pas en mesure de soutenir cette proposition. […]
Article paru dans l’Echo du Gros-de-Vaud