Droit à la mobilité? Ou à l’excès de mobilité?

Journal de campagne d’Eric Videlier

Can­di­dat d’Echallens Autrement pour le Con­seil communal

Jeu­di 4 mars

C’est dans la voiture-restau­rant qua­si déserte du train Yver­don-les-Bains – Genève Aéro­port que je rédi­ge ce jour­nal de cam­pagne. Cela fait quelques jours que le sujet de la mobil­ité tour­bil­lonne dans mes pen­sées. Tous les can­di­dats ont ce mot à la bouche, mais comme pour les autres sujets, ce mot ne recou­vre pas du tout le même sens dans les esprits. Voici donc le résul­tat de mes cog­i­ta­tions, en indi­quant que je suis moi-même pen­du­laire puisque tra­vail­lant à Genève Aéro­port, dans un domaine sans grand avenir à mes yeux, l’aviation.

Pour les pen­du­laires motorisés, la mobil­ité à Echal­lens, c’est résor­ber les bou­chons qui se for­ment aux heures de pointe. C’est faire bien peu de cas de notre envi­ron­nement, car cela ne pour­rait pass­er que par des amé­nage­ments sup­plé­men­taires destruc­teurs de sur­faces agri­coles, qui ne feraient que déplac­er les prob­lèmes ailleurs et n’apporteraient qu’une pseu­do-solu­tion tem­po­raire, ouvrant la voie à du traf­ic sup­plé­men­taire et à de nou­veaux engorge­ments. C’est aus­si oubli­er que ceux qui deman­dent ces «amélio­ra­tions» sont ceux-là mêmes qui provo­quent ces prob­lèmes, par leurs choix per­son­nels: usage d’un véhicule privé au lieu des trans­ports publics, loge­ment éloigné de leurs lieux de tra­vail et de loisirs, achats dans de grands cen­tres plutôt que dans nos com­merces locaux. Nous avons là le choix d’une «sur-mobil­ité» ne générant au final que gaspillage d’argent pub­lic pour davan­tage de nuisances…

Pour les usagers des tl, cette entité lau­san­noise qui a détrôné le LEB qui ser­vait le Gros-de-Vaud jusqu’en 2013, le Can­ton et la Ville de Lau­sanne font les beaux yeux: cadence à 15 min­utes au lieu de la demi-heure, avec promesse de vis­er les 7,5 min­utes à plus long terme en «offrant» un «RER» aux Lau­san­nois désireux de colonis­er les futures cités dor­toirs du nord de la «cap­i­tale»… Mais voilà, c’est surtout un choix fait par Leurs Excel­lences can­tonales vau­dois­es, choix que sou­ti­en­nent les Autorités de la ville de Lau­sanne qui rêvent d’un «Grand Lau­sanne», avec à la clé un nou­veau niveau de pou­voir dont ceux qui détien­dront les clés ne seront pas élus, cette entité se glis­sant entre com­munes et can­ton (pra­tique pour les jeux de pou­voir…). Ques­tion: avons-nous vrai­ment besoin de cela pour notre région et notre com­mune? A mon hum­ble avis, non. Le fait de dégrad­er le chemin de fer LEB en vul­gaire tram interur­bain n’a pour seul but que d’amarrer Echal­lens et le Gros-de-Vaud à l’agglomération lau­san­noise. Les con­séquences? Pres­sion crois­sante à bâtir davan­tage de loge­ments, perte d’identité du bourg, nui­sances et dégra­da­tions (déjà vis­i­bles), tou­jours plus d’habitants sans emploi dans la région et for­cés à pen­d­uler entre cités-dor­toirs et Lau­sanne… Sans oubli­er les prochains travaux pharaoniques que les déten­teurs du pou­voir se reti­en­nent bien de crier sur les toits: pos­si­bil­ité de déplac­er la gare d’Echallens, regroupe­ment des haltes de Grésa­ley et Sur Roche, enter­re­ment de la voie tl sous le chemin du Stand et la route de Moudon (ce qui sera un appel d’air pour le traf­ic routi­er sur cet axe…), avec comme corol­laire la démo­li­tion d’infrastructures qui sont loin d’être anci­ennes (dépôt-ate­lier du LEB, bâti­ments de la gare, sta­tion de Sur Roche); bref, encore des mil­lions jetés par la fenêtre, des mil­lions qui sor­tent de la poche des con­tribuables, rappelons-le.

Le «monde d’avant», celui d’avant la pandémie, se doit de céder la place à un autre monde, cela pour sur­mon­ter les crises déjà con­nues et qui per­durent dans leurs effets (finan­cière en 2008, san­i­taire en 2020, effon­drement de la bio­di­ver­sité et de la biosphère), mais aus­si celles qui sont à nos portes ou ne se font pas encore assez sen­tir (crises économique, finan­cière, épuise­ment des ressources naturelles…). La Suisse n’est pas exem­plaire dans ce com­bat, mal­gré les pro­pos ras­sur­ants qui nous pla­cent comme cham­pi­ons du recy­clage: efforts insuff­isants dans la réduc­tion des embal­lages, efforts qua­si absents dans le domaine de la mobil­ité sou­vent futile, ter­ri­toire se béton­nant de plus en plus… Soyons réal­istes et assumons ce fait: nous devrons chang­er en pro­fondeur pour devenir un tant soit peu vertueux. Cela ne veut pas dire revenir au Moyen-Age comme le cla­ment immé­di­ate­ment les par­ti­sans de l’immobilisme face aux défis; cela veut dire con­som­mer beau­coup moins, mais beau­coup mieux!

La mobil­ité dans le «monde d’après», pour lui don­ner un nom, est aus­si (surtout?) du domaine de la poli­tique com­mu­nale. Voici quelques pistes que je jette dans le grand chau­dron des débats à tenir:

  • Cadence de la desserte tl par rail lim­itée à 15 min­utes en semaine sur le ter­ri­toire du dis­trict du Gros-de-Vaud (les habi­tants du dis­trict de Lau­sanne, au-delà d’Etagnières, sont libres de choisir d’être phago­cytés par la cap­i­tale avec une fréquence plus élevée, lim­itée à Cheseaux) et 30 min­utes les samedis et dimanches;
  • main­tien de la gare et des deux haltes actuelles, et créa­tion éventuelle d’une halte vers le pas­sage-à-niveau de La Villaire;
  • créa­tion de zones 20 et/ou mod­i­fi­ca­tion de la cir­cu­la­tion dans cer­taines voies urbaines pour éviter les nui­sances en décourageant le tran­sit routi­er motorisé hors des axes prin­ci­paux tra­ver­sant Echallens;
  • étudi­er la pos­si­bil­ité de créer une ou plusieurs zones pié­tonnes, en inté­grant les com­merçants locaux dans un tel pro­jet, leurs clients n’étant de loin pas tous Challensois;
  • accès à la gare lim­ité aux ser­vices de Car­Postal et aux taxis (avec créa­tion éventuelle d’une zone de dépose rapi­de le long de l’avenue des Ter­reaux pour les clients de La Poste, de la BCV ou des tl;
  • autant que pos­si­ble, créa­tion de pistes cyclables et pié­ton­nières physique­ment séparées du traf­ic routi­er motorisé, pour pro­mou­voir la mobil­ité douce dans la com­mune, et don­nant accès aux cen­tres sco­laires depuis les dif­férents quartiers, un tel axe le long de la voie fer­rée étant aus­si imaginable;
  • etc.

Voilà de quoi lancer des heures de débats pas­sion­nants et pas­sion­nés, non? Ne reste qu’à y ajouter vos pro­pres idées pour une autre mobil­ité, respectueuse de notre biosphère, de nos ressources, et des riverains. Et, si vous ne l’avez pas déjà fait, n’oubliez pas d’aller vot­er… à pied ou à vélo de préférence…

Echallens Autrement